J'étais tranquillement en train de dormir comme un petit bébé dans mon lit. J'avais remonté ma couette jusqu'à mon cou et ma tête était enfoncée dans mon coussin bien moelleux. Le pied total. Il en faut peu pour être heureux hein. Ayant fait une grosse fête la veille, la seule chose qui me remplissait de bonheur était de me dire que je pouvais faire le cadavre dans mon lit jusqu'à l'heure que je voulais car oui, nous étions le magnifique, formidable, utile jour appelé Samedi. J'étais tranquillement en train de faire un rêve très troublant. En fait non, ce n'était pas un rêve, c'était plutôt un cauchemar... J'étais tranquillement en train de me promener dans la rue, quand soudain, un homme se rapproche de moi et m'attrape le bras. Alors, bien sur, j'essaie de me débattre. Mais ce fou me fait tomber par terre, et sort un flingue. Je vois au ralentis son doigt qui appuie sur la gachette et.... "Coucouuuuuuuuuuuuuuuuuu Kovalevski" Un cri strident retentit dans mes oreilles et je sentis une énorme masse sauter sur moi. Je sursautais alors de peur. J'ouvris ensuite, avec difficulté, un oeil, histoire de comprendre ce qui était en train de m'arriver. La première chose que j'aperçus fût la tête de Jezabel. Tiens. Ça m'aurait étonné. Je tournais la tête pour apercevoir l'heure qu'indiquait mon réveil : 7h46. Putain mais qu'est ce qu'elle foutais là à une heure pareille ? N'empêche que... Je dois l'avouer... Même sans le faire exprès, elle me sauvait la vie. Sinon, je me serais retrouvé avec une balle dans le crâne...
Enfin bref, j'étais toujours heureux de voir ma petite Jezabel mais à 8 heures du matin, c'était quand même difficile de l'admettre. Et, en cet instant même, je regrettais de lui avoir dit où je mettais ma seconde clef. J'aurais voulu la serrer dans mes bras et lui demander comment elle allais mais, avec peine, je ne pus que réussir à dire :

"Laismmouadoomiah..."

Je crois que j'avais voulu dire "Laisse moi dormir" mais j'étais trop fatigué pour prononcer un seul mot de correct.

Moi qui rêvait de faire une grasse matinée. une bonne grasse matinée dont la seule pensée de vous dire que vous pouvez vous lever à 18h si ça vous chante, vous enlève déjà de la fatigue. Mais non. Comme toujours, les belles histoires ont toujours une fin et je me retrouvais avec Jezabel sur mon ventre qui tentait par tous les moyens de me faire ouvrir les yeux. Pourtant Dieu que c'était compliqué. C'était comme si mes paupières se refermaient toutes seules. Mais à force de me débattre sous les bisous baveux et en essayant d'éviter les paroles de la jeune femme, j'avais enfin réussi à reprendre conscience. J'avais donc ouvert mes yeux mais regarder la jeune femme avec un air très fatigué. Je devais très certainement avoir une tête de mort-vivant, mais je m'en fichais ; Jezabel m'avait déjà vu dans des états bien pires que ceux-là. D'ailleurs sa réplique concernant mon haleine alcoolisée me fit esquisser un sourire. Je dois avouer que pour le moment, je ne me rappelais même pas de ce que j'avais bien pu faire la veille. En tout cas, j'avais du bien m'amuser rien qu'à voir les bouteilles vides qui se trouvaient au bas de mon lit. Ce qui était certain, c'était que nous devions être un certain nombre.
Enfin bref, Jezabel n'abandonna pas le combat et commença à faire ses yeux doux. J'aimais pas quand elle faisait ça parce que je tombais à tous les coups dans le panneau. Je levais alors les yeux au ciel, puis poussant un gros soupir suivit d'un baillement, je lui dis :

Toi, je te préviens. Tu vas payer. Mais bon, là, je suis trop fatigué. Allez, pousses toi de là que je me lève.

Encore une fois, elle avait gagnée. Je me leva donc. J'étais juste habillé d'un caleçon mais ce n'était pas grave. Jezabel avait l'habitude. Je me dirigeais alors vers ma salle de bain pour me mettre de l'au sur le visage. Qui sait ? Peut-être que ça m'aiderait à un peu mieux m'éveiller.

Voilà. A cause des crises de folie de Mademoiselle Rosenbach, je sentais que j'allais passer ma journée à traîner tellement que je serais fatigué et ce soir, je serais déjà en train de somnoler à 21 heures. C'est qu'en plus, à l'entendre me répondre, elle avait l'air fière ! Mais bon, je lui en voulait pas. Je m'étais habitué à son rythme de vie assez déconcertant. Ses voisins avaient encore du la réveiller à une heure pas possible, et voilà qu'elle se retrouvait chez moi, car oui, à venir embêter quelqu'un à 8 heures, elle avait du se dire : Pourquoi pas Navid ? Je suis sûre qu'il sera bien heureux de se réveiller sous ma douce et si belle voix ? Tu parles. Une plaie cette fille, enfin surtout le matin. Mais c'est pour ça que je l'aime hein ! Enfin bon, je sais de toute manière qu'elle est toujours là pour moi quand j'ai besoin d'elle et puis vise versa. Sauf que je suis tout le temps sur son dos pour m'assurer que tout va bien. J'aime pas la voir malheureuse et puis personne ne peut se permettre de lui faire du mal sinon je m'énerve assez vite. Que voulez vous ? Je joue mon rôle de grand frère comme il se doit.
Je m'étais donc levé pour aller me rafraichir le visage. Cela faisait vraiment du bien. J'entendis la jeune femme se diriger vers moi et l'entendis rire. C'est vrai que je devais avoir une allure particulière. Je tournais la tête pour la regarder, et lui faire une tête dans le genre : "C'est pas drôle.". Puis je levai là tête pour m'apercevoir dans le miroir qui se trouvait au dessus de mon évier. Houlà. Je faisais peur. Et j'avais de sacrés cernes. C'est alors qu'elle me sortit de ma stupeur en s'invitant pratiquement pour le petit déjeuner. J'y crois pas. Je lui répondit alors, tout en riant :

"Tu es insupportable, tu sais ?"

Entre nous... C'était pas humain d'avoir une tête comme ça ? Si ? Encore heureux que je connaissais très bien Jezabel et qu'elle me voyait souvent dans cet état sinon j'aurais honte de me présenter comme ça. Bon sang que cela faisait du bien un peu d'eau fraiche sur mon visage de déterré. Ça remettait les idées au clair on va dire. Et puis je devais me contenter de cela parce que Madame ayant débarqué à l'improviste, et encore c'était peu de le dire, je n'avais pas le temps de prendre une douche.
C'est vrai que tous les deux, on prenait un malin plaisir à se lancer des piques mais c'était notre manière à nous de dire que l'on s'aimait bien. Et puis, entre nous, si je ne l'aimait pas, il y a longtemps que je l'aurais viré, surtout après la manière dont elle m'a réveillé. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid...
La jeune femme se rapprocha alors de moi et me serra fort dans ses bras tout en me déposant un bisou sur la joue. Jusque là tout allait bien, jusqu'à que Jezabel m'éclabousse. Si elle était sur le chemin du pardon, elle était en train de faire demi-tour ! Mais bien sur, je n'avais même pas eu le temps de riposter qu'elle avait déjà pris les jambes à son cou et s'était "réfugié" sur mon lit. J'eus juste le temps de crier :

Sale gosse !!!

Et l'avait suivis à grand pas dans ma chambre. Et c'est que la jeune femme fit une réplique qui me fit éclater de rire. Même si j'essayais de me retenir pour ne pas l'encourager dans la connerie...

Bon c'est bon. Je vais les faire tes crêpes. Comme ça, tu seras contente. Mais viens pas te plaindre si elles sont pas bonnes !

Car oui. La cuisine et moi, ça faisait vraiment pas bon ménage...

Jezabel me dit alors qu'elle se demandait ce que j'aurais fait sans elle... C'est vrai que c'était mon petit rayon de soleil donc je ne sais pas vraiment comment serait ma vie sans son petit sourire, ses petites blagues, sans elle quoi !

Et bien figures toi que j'aurais fait pas mal de choses... Pour commencer : Dormir.

Je lui dit cela tout en lui adressant un petit sourire satisfait bien à moi. Car oui, j'étais plutôt satisfait de ma réponse, je dois l'admettre. Bien entendu, elle le savait, je la taquiner. J'adorais ça de toute manière. Et puis elle savait très bien que je tenais à elle comme à la prunelle de mes yeux. C'est vrai que tous les deux, nous étions plutôt différent. Des fois, je trouvais cela même bizarre que nous soyons devenus amis ça. Après tout, comme on dit souvent : Les opposés s'attirent. Je crois que nous résumions à la perfection cette expression. Notre lien d'amitié n'avait pas mis longtemps à se former et nous étions vite devenus indispensables l'un à l'autre.
Jezabel s'était de nouveau rapprochée de moi pour me serrer une nouvelle fois dans ses bras. J'avais alors passé mes bras autour d'elle pour l'enlacer et la serrer encore plus fort. J'aimais bien la sentir près de moi parce que j'étais certain que là, personne ne pourrait lui faire du mal.
En descendant les escaliers, elle s'écria de me grouiller à préparer les fameuses crêpes. J'avais oublié comment une petite chose comme elle pouvait avoir une si grande répartie. Sa remarque me fit de nouveau dresser un léger sourire sur mes lèvres. Ahhh. Ma Jezabel je l'échangerais pour rien au monde !

J'arrive, espèce de goinfre !

Je m'empressais donc d'enfiler un tee-shirt et un jean, puis descendis les escaliers. Je me dirigeais vers mon frigo et sortait tout le nécessaire pour la pâte à crêpes. Jezabel était près de la machine à café en train d'essayer de la faire marcher. J'attrapais un saladier et mis, un peu au pifomètre, les ingrédients. C'était ça la recette secrète de mes crêpes : Y'avait pas de recette.

Totalement. Surtout le matin.

Je lui dis cela tout en rigolant. C'est vrai que j'étais quelqu'un qui râlait beaucoup. En même temps, j'avais un caractère plutôt difficile et pour des personnes qui ne me connaissaient pas, je pouvais facilement paraître dur et froid. Les moments où j'avais le sourire jusqu'aux oreilles étaient rares mais ça c'était seulement en public. Quand j'étais entouré de mes amis, c'était différent. J'étais quelqu'un d'un peu plus accessible. De toute manière, ils savaient très bien comment j'étais et ils s'étaient vite habitué.
Jezabel et moi étions comme les deux doigts de la main et je dois dire que je la connaissais pas coeur. Même si nous ne parlions pas forcément de nos vies respectives dans le détail, je connaissais la sienne dans tous les détails. J'étais toujours là pour elle et même si elle ne le savait pas, je faisais en sorte, même dans l'ombre, que tout aille pour le mieux pour elle. Je la surveillais de très près et elle ne s'en rendait même pas compte. J'étais donc en train de préparer les crêpes. Ayant fini la pâte, j'allumais le gaz et sortait du placard une poêlle. Jezabel me demanda alors ce que je comptais faire de ma journée.

Et bien, je ne sais pas... T'embêter peut-être ?

J'attrapais alors une poignée de farine et la lui lançais à la tête. Je me mis à éclater de rire parce que la jeune femme était devenue toute blanche, et qu'on aurait cru une revenante. Je lui lançais alors d'un air de dire "Bien fait" :

La prochaine fois tu viendras me réveiller un peu plus tard...

C'est vrai que j'avais continué à la taquiner sur son réveil brusque et... inattendu de ce matin. Mais Jezabel savait bien que je rigolais et que cela m'avait plutôt fait très plaisir de la voir débarquer ce matin chez moi. C'était simplement que je n'étais pas vraiment du matin et que j'aimais bien me donner un air ronchon et associable.
Vu que j'étais en train de faire de la pâte à crêpes, j'avais devant moi un paquet de farine. Comment ne pas résister à l'envie d'en lancer sur Jezabel ? Effectivement, mon insouciance eut raison de moi et la jeune femme se retrouva vite toute blanche. Mais, je devais tout de même m'attendre à des représailles, surtout la connaissant. Et d'ailleurs, sa "revanche" ne mit pas longtemps à se mettre en action. J'eus à peine le temps d'entendre la jeune femme prononcer quelques mots avant qu'elle s'approche de moi pour m'écraser deux oeufs sur la tête. Alors là, elle y était allé fort. Bon, en même temps, ce n'est pas comme si je ne l'avais pas cherché ou bien mérité. Avec Jezabel, nous étions deux enfants quand nous étions ensembles. Nous adorions jouer et faire tout et n'importe quoi. Je crois même que des gens qui ne nous connaissent pas pourraient facilement croire que nous sommes des frères et soeurs. Mais j'aimais avoir ce sentiment là. Ce sentiment d'être comme un grand frère pour elle. D'être là pour la protéger peut-importe ce que cela me coûte et dans toutes les circonstances inimaginables. J'aimais me dire que j'étais tout simplement là pour elle, et que j'étais une des personnes avec qui elle aimait être quand elle allait mal. Je ne lui disais pas souvent parce que je n'étais pas quelqu'un de très expressif, mais je tenais à elle comme à la prunelle de mes yeux et si il devait lui arriver quelque chose je m'en voudrais certainement toute ma vie.
Le blanc d'oeuf coulait littéralement sur mes joues, jusqu'à finir sa course sur mon tee-shirt. Je regardais donc Jezabel avec un sourire satisfait puis me rapprochant d'elle, je la collais contre moi en n'oubliant pas de coller ma joue gluante contre la sienne. Elle aimait les câlins non ? Bah voilà. Elle étais servie. Je lui dit alors, toujours serré contre elle :

"Je t'aime ma petite Jezabel !"